Reptiles endémiques et vertébrés introduits de l'archipel des Saintes - Répartition, abondance et mesures de gestion
Les reptiles constituent le groupe qui compte la plus grande proportion d'espèces menacées en Guadeloupe (UICN, 2021). La moitié de celles qui présentent un risque d'extinction élevé vivent sur les îles des Saintes ce qui fait de cet archipel un des secteurs les plus importants pour la préservation de la biodiversité dans les Caraïbes. La couresse des Saintes Alsophis sanctonum, le scinque guadeloupéen Mabuya desiradae, le sphérodactyle des Saintes Sphaerodactylus phyzacinus sont tous endémiques ou subendémiques de l'archipel et classés en danger d'extinction (UICN, 2021). Les principales menaces qui pèsent sur eux sont liées à la présence d'abondantes populations d'animaux domestiques divagants ou ensauvagés (chèvres, chats, poules) et d'animaux exotiques envahissants (rongeurs). Ces espèces introduites par l'homme imposent une pression de prédation directe sur les reptiles natifs et peuvent altérer la qualité de leur habitat en dégradant la végétation et les sols. Dans le but d'identifier les actions de gestion des milieux naturels à mettre en oeuvre pour assurer la conservation des espèces ciblées, une étude des populations de reptiles menacés et de vertébrés exotiques a été menée entre les mois d'octobre 2021 et mars 2023. Onze missions de collecte de données ont été réalisées sur sept îles de l'archipel des Saintes. Des techniques d'acquisition de données variées alliant prospection visuelle, piégeage photographique et mécanique ont été utilisées. Les investigations menées ont permis d'affiner la connaissance de la répartition des espèces d'intérêt et pour certaines de fournir un indicateur d'abondance. Ces informations ont été utilisées pour évaluer qualitativement le risque d'extinction des différentes populations de reptiles menacés. Les inquiétudes les plus vives concernent le scinque guadeloupéen M. desiradae sur Terre-de-Haut et Terre-de-Bas ainsi que la couresse et le sphérodactyle des Saintes A. sanctonum sur l'îlet à Cabrit. Afin d'enrayer l'érosion de la biodiversité locale, il est préconisé de mettre en oeuvre une gestion plus efficace des rongeurs et animaux domestiques divagants sur les îles habitées des Saintes. Un contrôle renforcé de leurs effectifs pourrait être exercé sur les zones à fort intérêt écologique du Chameau (Terre-de-Haut) et des Trois Mornes (Terre-de-Bas). Sur les îlets, le retrait total des animaux domestiques ensauvagés et l'éradication des rongeurs est envisageable. La sensibilisation des Saintois de tous âges au patrimoine naturel de l'archipel et aux menaces qui pèsent sur lui est primordiale pour améliorer le statut de conservation des espèces patrimoniales. Les moyens disponibles des différents établissements et collectivités compétents dans la gestion des espaces naturels de l'archipel sont insuffisants à l'heure actuelle pour mettre en oeuvre l'ensemble de ces actions avec succès. La création d'une réserve naturelle nationale ou régionale sur l'archipel des Saintes pourrait permettre d'augmenter les capacités de gestion et de valorisation de la nature. La création d'une telle réserve pourrait se faire sans perte d'usages humains supplémentaire, la plupart des milieux d'intérêts étant déjà protégés et sous maîtrise foncière publique. La rédaction d'un Plan National d'Actions en faveur des scinques, couleuvres et geckos de Guadeloupe et de Saint Martin a été initiée en 2023, son adoption devrait favoriser le financement et la mise en oeuvre des mesures de conservation aux Saintes.
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