L’étude des colonnes sédimentaires carottées dans l’étang de Vaccarès et au large du delta du Rhône a permis de définir l’évolution prodeltaïque du Rhône aux échelles10#2 - 10#3 ANS. En surface, les facies proximaux sableux, organiques et carbonates présentent des laminés millimétriques à centimétriques qui représentent des microséquences saisonnières : les paroxysmes de crues hivernales sont identifiés par un microlit sombre sableux à débris organiques grossiers, la décantation estivale correspond à des microlits plus argileux et plus riches en micrites (issue de la plaine fluviatile). Ces dépôts souvent remaniés sont provisoires, leur rythme de dépôt élevé (>30 CM. AN 1) n’est apparent. Les bilans sédimentaires indiquent qu’à l’échelle holocène, les 9/10 environ de l’accumulation sont susceptibles d’être entraînés vers le large. Le passage aux facies distaux de surface est souligné par une disparition rapide des laminés et par un affinement du grain moyen associés à une concentration de carbone organique et à une légère diminution des concentrations en micrites terrigènes, en phyllites chloriteuses et en phosphore soluble. Dans la moitié interne du prodelta, les successions horizontales et verticales de facies laminés ou de vases a tâches noires sont interprétées en fonction de la migration séculaire des embouchures principales du Rhône et du passage du fleuve sauvage au fleuve de plus en plus domestique. Les lithoclastes arrachés aux sols hydromorphes de la plaine deltaïque témoignent des divagations des chenaux. Enfin, à partir de l’époque industrielle, des marqueurs anthropiques (scories, charbons de bois, talc et, à un moindre degré, le phosphore soluble) permettent de suivre les dernières décennies de l’histoire de ce prodelta. Sur la bordure externe du plateau généralement asédimentaire une pellicule métrique de vases témoigne d’atterrissements à l’échelle du dernier siècle.