Détection et lutte précoce contre un reptile exotique envahissant en Guadeloupe : l’anoli de la sagra (Norops sagrei). Premiers résultats après 6 mois de lutte
L’anoli de la sagra Norops sagrei est une espèce de lézard originaire de Cuba, des Bahamas et de plusieurs îles voisines qui a été introduite dans de nombreux territoires par l’homme (Amérique du Nord, Hawaï, Taïwan, …). Il y a fait preuve de sa capacité à se naturaliser et à constituer une menace pour la biodiversité indigène. Les effets négatifs les mieux documentés de l’introduction de N. sagrei sur la faune native concernent notamment d’autres espèces d’anolis ainsi que des arthropodes dont des araignées et hyménoptères. L’anoli de Sagra a été signalé pour la première fois en Guadeloupe le 17 octobre 2023 dans une pépinière située dans la zone industrielle de Jarry, au centre de l’île. Une action de lutte a été lancée par un groupe d’établissements publics, d’associations et de bénévoles dans l’objectif d’éradiquer l’espèce avant qu’elle ne soit implantée. Le protocole employé repose sur la capture nocturne d’individus à la main. Quinze sessions de capture, réalisées entre les mois de février et juillet 2024 pour un effort total de 208 heures/hommes ont abouti à la capture de 768 individus de N. sagrei. L’espèce est distribuée sur une aire de 1,7 hectares occupée par des entreprises (pépinière, loueur de véhicules, …), des parkings et des espaces verts de faible superficie. Malgré la réalisation de plusieurs prospections diurnes, N. sagrei n’a pas été observé dans les espaces naturels situés à proximité de la zone. Les entretiens menés avec le personnel encadrant de la pépinière indiquent qu’il est probable que N. sagrei ait été introduit via l’importation de végétaux en pots depuis la Floride où l’espèce est invasive. L’achat de plants en provenance d’Amérique ayant cessé depuis trois ans, il est probable que l’introduction ait lieu au plus tard à cette date. Les données de biométrie recueillies mettent en évidence l’existence d’au moins trois cohortes distinctes ce qui corrobore l’idée que l’introduction date d’au moins trois ans. L’effort de capture déployé n’entraîne pas pour le moment de décroissance du nombre d’individus capturés par session de lutte. Il semble, à ce stade, impossible d’éradiquer l’espèce en poursuivant l’emploi des modalités de lutte actuelles. Les options envisageables pour la suite de l’action sont : -1) la poursuite de l’objectif d’éradication avec une intensification de l’effort grâce à la mobilisation d’acteurs privés et l’utilisation de nouvelles techniques comme le piège collant, -2) la mise en place d’un contrôle des effectifs destiné à ralentir la propagation de l’espèce en Guadeloupe continentale et vers les îles voisines, -3) son arrêt et la redirection de l’effort des partenaires mobilisés vers des mesures de prévention de nouvelles invasions.
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