Histoire et impacts environnementaux de l'orpaillage en Guyane. Clefs de compréhension des tensions actuelles
La présence d'or en Guyane, supposée depuis les grandes explorations des XVIe et XVIIe siècles, n'est officialisée qu'en 1855. Cette découverte initie alors une première ruée vers l'or qui s'étendra jusqu'à la Première Guerre mondiale, et lors de laquelle plusieurs milliers d'orpailleurs, généralement sans titre, viennent exploiter les dépôts aurifères contenus dans les alluvions des cours d'eau guyanais. Ces premiers orpailleurs s'appuient sur des méthodes d'extraction gravimétriques et des outils rudimentaires (batée, longtom, sluice). À cette période, l'orpaillage est rentable à défaut d'être efficace. Avec l'écrémage progressif des gisements, l'intérêt pour l'or guyanais s'estompe progressivement au cours du XXe siècle avant de connaître à partir des années 1980 un nouvel et fort engouement, porté par l'envolée du cours de l'or et le perfectionnement des techniques de prospection et d'exploitation, désormais fortement industrialisées. Dans ce contexte, et sur un territoire largement couvert par une forêt tropicale primaire difficilement accessible, l'orpaillage illégal s'est fortement développé et génère d'importantes tensions. Aujourd'hui, l'intensification de l'activité légale comme illégale se confronte directement aux politiques publiques de préservation des milieux naturels et de la biodiversité. En Guyane, l'orpaillage exerce effectivement une forte pression sur un environnement riche et très diversifié. Déforestation des zones exploitées et disparition induite des habitats, destruction des criques ou pollution par le mercure et les matériaux fins remis en suspension dans les cours d'eau, contribuent à altérer de manière significative et durable des milieux physiques et biologiques de grande valeur, dont la résilience semble très longue. Une dichotomie particulièrement clivante a ainsi émergé au sein de la société guyanaise - et plus largement française -, opposant développement économique par l'exploitation de la ressource aurifère finie d'une part, à la préservation et la valorisation de milieux uniques et fragiles d'autre part.
Auteurs du document :
MELUN G., LE BIHAN M., OFB, AUGEARD B., BECHTEL L., UDO H., ZAMMITE J.M., PERCEVAL O., DUPONT P., DE BILLY V., KREUTZENBERGER K., DEBUF O., RICHARD-HANSEN C., CNRS, DGTM, DGSRC, OEG, ONF
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