Evaluation de la qualité chimique et biologique des cours d'eau vis-à-vis des produits phytosanitaires : Intérêts et limites des capteurs passifs et d'outils d'évaluation d'impact biologique
La contamination des eaux par les produits phytosanitaires est marquée par une grande variabilité temporelle et spatiale en raison de sa forte dépendance vis-à-vis des épisodes pluvieux et des dates de traitement. A la dynamique annuelle s'ajoute une variabilité inter-annuelle liée à la variation des conditions climatiques. Pouvoir apprécier au mieux cette contamination implique donc des suivis adaptés dans le temps et dans l'espace. En particulier, en fonction des enjeux et de l'objectif visé, des stratégies d'échantillonnage différentes pourront être envisagées. Les prélèvements ponctuels, tels que réalisés dans le cadre des suivis de surveillance, souffrent de leur faible représentativité temporelle, ce qui peut induire une perception biaisée de la contamination (sous-estimation des pics de concentration en crue par exemple) et rendre difficile l'interprétation des résultats en termes d'impact et d'évolution temporelle. La recherche travaille à développer de nouveaux outils permettant une appréciation plus intégrée de la contamination qui pourraient pallier certaines limites des suivis ponctuels et notamment améliorer le diagnostic de la contamination ainsi que l'évaluation de l'effet de plans d'action visant à la limiter. D'une part, les techniques chimiques d'échantillonnage passif permettent d'avoir une meilleure estimation de concentrations intégrées dans le temps. En plus de cet aspect intégratif, ces outils offrent l'intérêt d'améliorer l'échantillonnage de substances transférées sous forme de pulses de courte durée et de substances présentes à l'état d'ultra-traces. Ces outils sont cependant dédiés à l'échantillonnage des substances dans la phase liquide. Pour les substances majoritairement transportées en phase solide (substances à très fort coefficient d'adsorption comme les organochlorés rémanents) on devra avoir recours à d'autres techniques plus adaptées. Par ailleurs, même si elles ne répondent pas à toutes les questions posées en termes d'évaluation de l'impact des produits phytosanitaires sur les écosystèmes aquatiques, de nouvelles approches de biosurveillance, dont celles développées à Irstea, sont aujourd'hui beaucoup plus spécifiques des phytosanitaires et la gamme des outils existants peut d'ores et déjà permettre une approche graduée selon le niveau de réponse visé et les enjeux de suivis locaux. Toutefois, il est à noter que ces techniques ne sont pas directement utilisables pour répondre aux objectifs de la DCE en termes d'évaluation de l'état chimique et de l'état écologique, qui reposent aujourd'hui sur des stratégies d'échantillonnage ponctuel. Par ailleurs, bien qu'apportant des éléments nouveaux pour le diagnostic des causes de la contamination des eaux de surface par les produits phytosanitaires et l'évaluation de son impact in situ, des développements scientifiques ou méthodologiques sont encore parfois nécessaires pour en faire des outils opérationnels. Cette synthèse critique constitue donc une base à la fois i) pour mieux identifier les outils qui sont déjà utilisables en mettant en avant leurs atouts et limites et ii) pour apprécier les travaux scientifiques requis pour améliorer encore la pertinence des outils analysés vis-à-vis des besoins. A court terme, ce travail sera complété par des tests d'application in situ, d'une part, pour affiner la méthodologie de mise en oeuvre des outils selon l'objectif opérationnel visé et d'autre part, pour mettre en exergue leur complémentarité.
Auteurs du document :
GRENIER H., GOUY V., PESCE S., ASSOUMANI A., MARGOUM C., COQUERY M., LARROSE A., DABRIN A., GEFFARD O., CHAUMOT A., JUBEAUX G., MAZZELLA N., MORIN S., IRSTEA
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