Les poissons migrateurs amphihalins des départements d'outremer : état des lieux. Synthèse générale sur les DOM insulaires. Rapport final
Dans les rivières des départements d'outre-mer insulaires, toutes les espèces de poissons sont migratrices excepté les espèces introduites. Pour la totalité des espèces indigènes de ces départements, le cycle biologique comprend une phase larvaire marine et une phase de croissance en eau douce. Les espèces se reproduisant en mer ont un cycle dit diadrome catadrome, et les espèces dont la reproduction s'effectue en eau douce ont un cycle dit diadrome amphidrome. Certains aspects de ces cycles biologiques restent méconnus notamment les modalités de la phase larvaire marine qui permet aux espèces de se disperser et de coloniser de nouveaux habitats. Au même titre que les espèces amphihalines de métropole, les poissons migrateurs des DOM subissent de nombreuses pressions liées aux activités anthropiques et à l'aménagement des cours d'eau qui participent à leur déclin. Cependant, contrairement aux espèces amphihalines de la métropole, et malgré leur forte valeur patrimoniale, les espèces des DOM ne sont pas identifiées dans le code de l'environnement et ne bénéficient donc pas de l'ensemble des mesures nationales mises en oeuvre pour la protection et la conservation des poissons amphihalins. La synthèse proposée s'inscrit dans le cadre des réflexions sur la stratégie nationale de gestion des poissons migrateurs. Ce document fournit la liste des poissons fréquentant les eaux douces des DOM, et rassemble les connaissances existant sur ces espèces en termes de biologie, écologie, statut de conservation, pressions s'exerçant sur les populations, et pratiques de gestion. Les données recueillies doivent servir de base en vue d'une harmonisation des pratiques de gestion des poissons migrateurs entre la métropole et ces départements. La synthèse des données acquises a permis de mettre en évidence la présence de 37 espèces migratrices dans les cours d'eau de Guadeloupe, de Martinique, de Mayotte et de la Réunion, c'est à dire la totalité des espèces indigènes de ces milieux. Les informations fournies par différents acteurs impliqués dans la gestion des poissons migrateurs et de leurs milieux ont permis de définir les différentes pressions qui s'exercent sur les populations et les fragilisent. Dans tous les DOM, les espèces migratrices sont menacées par la dégradation, la fragmentation et la perte de leurs habitats liées aux usages de l'eau et aux ouvrages qu'ils génèrent. A la Guadeloupe et à la Martinique, les communautés ichtyologiques sont soumises à une forte pression phytosanitaire ayant entraîné l'interdiction de leur consommation. A Mayotte, les habitats des espèces migratrices sont très fortement impactés par l'usage des lessives et le rejet des déchets domestiques dans les rivières. A la Réunion, la forte valeur marchande des post-larves des espèces migratrices entraîne une surpêche de la ressource et des pratiques d'exploitation extrêmes comme l'empoisonnement des rivières. Cependant, du fait du cycle biologique spécifique des espèces et du manque de données, il est impossible à l'heure actuelle d'évaluer précisément l'impact de ces pressions sur la ressource. Les pratiques de gestion existantes sont localisées et ont une portée limitée. Ce rapport se positionne comme un premier document de référence pour la mise en place d'une réflexion concertée entre les différents gestionnaires et usagers pour faire évoluer ces pratiques.
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