Étude des populations de chèvres et cochons féraux des réserves biologiques intégrales du nord de la Martinique. Distribution, abondance et perspectives de gestion
Les Réserves Biologiques Intégrales (RBI) de la Montagne Pelée et de Prêcheur - Grand Rivière sont des aires protégées terrestres situées dans le nord de la Martinique. Classées Patrimoine Mondial de l'UNESCO, elles abritent dans plus de 30 km² cumulés certains des écosystèmes les plus inaccessibles et préservés des petites Antilles. Malgré leur statut, elles subissent la pression de plusieurs espèces exotiques dont la chèvre Capra hircus et le cochon Sus domesticus qui font partie de la liste des 100 espèces invasives les plus néfastes (Lowe et al. 2004). Ces ongulés introduits par l'homme et revenus à la vie sauvage imposent une pression directe et indirecte sur les espèces natives et altèrent la qualité des habitats en dégradant la végétation et les sols (Campbell & Donlan, 2005). 33 pièges photographiques ont été déployés entre mai et septembre 2023 dans les forêts et savanes des flancs de la montagne Pelée. Les photographies ont été annotées sur la plateforme agouti.org (Liefting et al. 2022) et les densités de chèvres et cochons ont été calculées en utilisant le Random Encounter Model (Rowcliffe et al. 2008). Durant les 1981 jours*pièges suivis, 1327 observations de 12 espèces de vertébrés ont été réalisées. Le cochon est l'espèce la plus fréquemment détectée devant le manicou Didelphis marsupialis, le rat Rattus sp., la mangouste Urva auropunctata et la chèvre. Un troupeau de bovins divagants a été identifié sur le flanc ouest de la montagne Pelée. Le cochon féral est présent sur l'ensemble de la RBI Prêcheur - Grand Rivière en densité élevée (30,45 ± 13,89 individus/km²) tandis qu'il semble absent de la RBI de la Montagne Pelée. Deux agrégations de chèvre ont été observées dans le centre de la RBI de Prêcheur - Grand Rivière et sur la RBI de la Montagne Pelée au niveau du morne Plumé. La densité de chèvre est estimée sur les deux RBI à 7,88 ± 5,60 individus au km². Afin de réduire la pression sur le milieu, il est préconisé de mettre en oeuvre une gestion des ongulés féraux ainsi qu'un suivi de leurs effectifs et impacts. Il est recommandé de tester, dans le cadre d'une étude de faisabilité, plusieurs méthodes de piégeage et de tir afin d'identifier les plus adaptées au terrain et au comportement des animaux. L'estimation des densités d'ongulés par piégeage photographique semble être un indicateur pertinent qui pourrait être complété par le suivi des traces d'herbivorie ou de creusement.
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