Cet article propose une socio-anthropologie d’un insecte ordinaire, le moustique. Le suivi d’une controverse locale, relative aux projets de démoustication de la Camargue, permet de saisir les évolutions récentes du rapport entre l’homme et l’animal. En première analyse, la controverse se structure selon un principe dualiste, suivant la césure anthropocentrisme versus biocentrisme. Puis vient la mise à l’épreuve de cet ordonnancement, à la faveur de la perméabilité accrue des anciennes frontières entre nature et culture, utile et nuisible, savant et vernaculaire, protection et prédation. Au final, l’insecte n’est plus seulement un enjeu social, politique, économique, mais devient un prétexte pour parler non plus stricto sensu du rapport entre l’homme et la nature, mais aussi des rapports humains.
