LES POISSONS CARNASSIERS LOCAUX PEUVENT-ILS CONTENIR L’EXPANSION DES ÉCREVISSES ÉTRANGÈRES INTRODUITES ? EFFICACITÉ DE 3 ESPÈCES DE POISSONS FACE À 2 ESPÈCES D’ÉCREVISSES DANS DES CONDITIONS EXPÉRIMENTALES.
Les écrevisses sont potentiellement une source de nourriture pour les poissons. Le développement géographique et démographique de fortes populations de Pacifastacus leniusculus et de Procambarus clarkii ces 10 dernières années dans les eaux françaises pose le problème des relations avec les populations de poissons en place. En particulier au niveau des espèces carnassières : Esox lucius, Perca fluviatilis et Stizostedion lucioperca. Les interactions entre ces différentes espèces ont été étudiées dans des conditions expérimentales : en mésocosmes, en enclos dans des étangs, dans de petits étangs naturels. En mésocosme, des brochets de 16 à 46 cm consomment régulièrement des Procambarus au cours de l’année. Il y a une relation entre la taille des brochets et celle des Procambarus ingérées. Des brochets de 40 à 50 cm peuvent consommer les adultes d’écrevisses supérieurs à 8 cm. La consommation des écrevisses est régulière même en présence de poissons fourrages et même si chaque individu peut différer dans l’intensité de ses choix. L’intensité de la prédation dépend de la température mais elle perdure l’hiver. En enclos, des alevins de brochets associés à des juvéniles de Pacifastacus détruisent ces dernières au cours de l’été, malgré une croissance en parallèle. La protection par des abris n’est pas efficace, de même que la distribution de poissons fourrages. La même expérience effectuée en étang naturel donne les mêmes résultats, malgré la présence de la protection par des macrophytes. La confrontation de brochets de 1 été avec des Pacifastacus de 1 été donne des résultats semblables : les brochets éliminent la plupart des écrevisses. Dans tous les cas, les quelques écrevisses survivantes ont une croissance réduite et éventuellement une maturité retardée. L’association d’alevins de perches avec des juvéniles de Pacifastacus montre une survie normale des écrevisses à la fin du 1er été en relation avec une ouverture buccale insuffisante des perches. Par contre les perches de 1 été éliminent les juvéniles d’écrevisses, sauf si ces derniers sont protégés par un filet. Dans ce cas, la simple vision des perches ralentit légèrement la croissance des écrevisses. La survie de juvéniles de Pacifastacus associée à des sandres de 1 an est normale, elle est réduite en présence de sandres de 2 ans, avec une légère action sur la croissance des survivantes. Ces résultats montrent que le brochet est le prédateur le plus efficace parmi les trois espèces étudiées. Pour la perche et le sandre il faut une différence de taille suffisante. Ces résultats laissent supposer que ces poissons peuvent réduire les populations d’écrevisses allochtones. Cependant le suivi dans un étang, au cours de trois années, d’une population de Procambarus associée à des prédateurs abondants (brochet et perche) montre une stabilité des stocks. Malgré une consommation estimée des brochets supérieure à la biomasse estivale des adultes d’écrevisses et une extraction par piégeage au cours de l’été d’une biomasse équivalente, la stabilité du stock de Procambarus est à relier à sa productivité élevée et à un taux de renouvellement rapide de la biomasse pour une espèce à durée de vie courte.
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