CONFRONTATION EXPÉRIMENTALE ENTRE DES POISSONS OMNIVORES AUTOCHTONES (11 ESPÈCES) ET DES ÉCREVISSES ÉTRANGÈRES INTRODUITES (2 ESPÈCES).
Les écrevisses sont une source de nourriture pour les poissons carnassiers, elles peuvent aussi faire partie du régime de certains poissons omnivores. Actuellement d’importantes populations d’écrevisses étrangères sont présentes en France, elles représentent une nouvelle source de nourriture pour les poissons locaux non prédateurs qui peuvent changer de régime. Peu de données sont présentes dans la littérature concernant l’impact des poissons omnivores sur les écrevisses, plus particulièrement sur le rôle de ces poissons vivant dans les mêmes habitats que les juvéniles. La présente étude porte sur les relations entre 11 espèces locales de poissons omnivores et 2 espèces d’écrevisses introduites dans les eaux douces françaises (Pacifastacus leniusculus et plus secondairement sur Astacus leptodactylus). Les interactions ont été étudiées grâce à une approche expérimentale, soit en enclos de 4 m2 dans un étang, soit directement dans de petits étangs de 100 m2. Les jeunes carpes (Cyprinus carpio) consomment la plupart des juvéniles d’écrevisse et réduisent la croissance des survivantes. De même des tanches (Tinca tinca) de 20 cm sont aussi efficaces, mais les très jeunes tanches ne peuvent capturer les juvéniles au cours du 1er été. Des gardons de deux étés (Rutilus rutilus) ont un effet modéré sur les juvéniles d’écrevisse au cours du 1er été en enclos, la croissance et la survie sont faiblement réduites. Mais ces gardons en étang semblent avoir un effet positif sur ces mêmes paramètres, probablement en liaison avec une réduction des insectes prédateurs ou par un effet trophique. Le rotengle (Scardinius erythrophtalmus) a un effet légèrement positif au cours du 1er été d’association avec des juvéniles, mais des rotengles de deux étés réduisent un peu la croissance et la survie. La croissance des deux espèces est corrélée à la production primaire (surtout les algues) et la présence d’abris a un effet plus important au niveau de la compétition intraspécifique qu’interspécifique. L’amour blanc (Ctenopharyngodon idellus) réduit la population de juvéniles d’écrevisses au cours de son 2ème été de vie, mais par la suite il n’a plus d’action détectable, éventuellement une légère action positive sur la croissance grâce probablement aux détritus végétaux des fèces. L’able de Heckel (Leucaspius delineatus) perturbe les jeunes écrevisses malgré sa petite taille, en relation avec son haut niveau d’activité. La survie, la croissance et l’hétérogénéité des tailles sont significativement réduites. Le carassin (Carassius carassius) et la gambusie (Gambusia affinis holbrooki) n’ont pas d’effet visible sur les juvéniles. Aussi la production de poissons rouges avec des écrevisses est-elle possible. En enclos les petits poissons prédateurs d’invertébrés des rivières tels que le goujon (Gobio gobio), la loche franche (Nemacheilus barbatulus) et le chabot (Cottus gobio) peuvent aussi consommer les jeunes stades d’écrevisses avec une réelle efficacité. Tous ces résultats montrent que la carpe commune et la tanche sont des prédateurs d’écrevisses aussi efficaces que les carnassiers dans la limitation du développement des écrevisses allochtones. Pour cette raison ces poissons, et peut être aussi l’able, sont indésirables en astaciculture. Les autres espèces étudiées ne semblent pas avoir beaucoup d’influence sur les jeunes écrevisses dans les conditions de l’étude, mais il reste à vérifier sur le long terme l’incidence de faibles perturbations avec l’acquisition de nouvelles données démographiques.
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