
Cette étude vise à mettre au point un protocole fiable permettant de quantifier les densités d'anguilles en milieux profonds (>70 cm). Cela permettrait notamment d'améliorer le modèle EDA en fournissant des données de densité (et non uniquement des indices d'abondance) en milieux profonds. En effet, pour échantillonner l'anguille, trois méthodes sont principalement utilisées : les opérations de pêche électrique (en milieux peu profonds <70 cm) ; les dispositifs de franchissement (qui capturent les individus en migration) et les engins passifs. Ces derniers sont utilisables en milieux profonds et permettent d'échantillonner le stock d'anguilles jaune en place. En revanche, ils sont dépendants de l'activité quotidienne des anguilles et sont très diversifiés donc peu standardisés. Pour mettre au point un protocole fiable permettant de quantifier les densités d'anguilles en milieux profonds, différents tests en milieux naturels (l'Oir, la Vilaine) et en milieux contrôlés ont été effectués (plateforme expérimentale PEARL Rennes-Le Rheu). Les expérimentations en milieux contrôlés portaient sur les points clés du protocole d'échantillonnage : l'anesthésie, le marquage et le choix des engins par rapport à la sélectivité et l'efficacité de capture. Ces expérimentations ont permis d'ajuster le protocole d'échantillonnage et de fiabiliser les résultats obtenus. Sur l'Oir, un affluent de la Sélune, des protocoles utilisant divers engins de pêche passifs ont été testés: verveux, nasses avec ou sans entonnoirs et avec ou sans appâts. L'usage d'une bourgne (type de nasse) modifiée avec un bec PVC a été retenu, car elle présente une efficacité de capture correcte et homogène, et son utilisation est plus aisée que celle des verveux et des grandes nasses. Par ailleurs, pour mieux comprendre le comportement et le déplacement des poissons afin d'évaluer l'efficacité des engins passifs de piégeage, 559 anguilles de plus de 20 cm ont été identifiées à l'aide de PIT Tags. Les suivis ont été réalisés avec l'utilisation d'engins passifs, mais aussi d'antennes RFID fixes et mobiles et de pêches électriques. L'analyse des données de capture-marquage-recapture (CMR) a permis de mettre au point des modèles pour quantifier l'utilisation de l'espace par les anguilles et estimer la taille de la population qui occupe le site (modèle multi-évènement/modèle POPAN). Cette approche a souligné l'intérêt d'intégrer les données de télémétrie pour diminuer l'incertitude autour des estimations. Enfin, cela a mis en évidence que l'effort de marquage du protocole actuel n'est pas assez efficace. Dans les milieux étudiés, les bourgnes (nasses), même optimisées pour la capture d'aguilles jaunes, ont des efficacités de capture limitées. Il en résulte une mauvaise estimation de la taille de la population par les modèles CMR, dépendants du nombre d'individus initialement marqués. La contrainte d'un marquage important des individus, imposée par cette méthode, la rend pour l'instant inopérante pour des suivis de routine. Il pourrait s'avérer intéressant de continuer à rechercher des moyens de capture adaptés à l'anguille et sa faible détectabilité pour améliorer cette base de protocole. De plus, les techniques récentes utilisant les approches Bayésiennes de CMR, plus fastidieuse et moins intuitives, semblerait être une solution pour intégrer des données de télémétrie RFID pour une estimation non biaisée de la densité d'anguilles sur notre secteur d'étude. Sur la Vilaine, un protocole adapté du dispositif expérimental développé par Ubl & Dorow (2015) a été expérimenté, en partenariat avec l'EPTB de la Vilaine. Cette technique, adaptée aux eaux côtières et aux lacs, semble appropriée pour évaluer la densité d'anguilles dans les eaux profondes de nos rivières de grande étendue. Cependant, sa mise en oeuvre est très complexe et coûteuse. De plus, malgré un balisage conséquent du site, plusieurs bateaux sont entrés dans la zone, dégradant le matériel et remettant en cause l'expérimentation. Une phase d'expérimentation plus poussée serait nécessaire pour valider l'imperméabilité de l'enclos aux anguilles. Ce projet présente une nouvelle approche de la recherche de connaissance sur les anguilles dans les eaux continentales par le suivi intensif de plus de 550 anguilles marquées PIT-tag sur 3 années. Malgré le travail effectué pour d'explorer le potentiel des engins passifs comme méthode d'évaluation de l'abondance de l'anguille dans différents milieux profonds, cette fiche-action n'a pas mené à un protocole abouti. Néanmoins, des progrès ont été réalisés, des expérimentations complémentaires sont envisagées et une grande partie des données récoltées n'a pas ou peu été exploitée pour l'instant, laissant entrevoir de nombreuses pistes de recherche.
Auteurs du document :
ALLOU S.,
RAULT P.,
TREGUIER A.,
MARCHAND F.,
AZAM D.,
BEAULATON L.,
INRA,
POLE AFB INRA GEST'AQUA Obtenir le document :
AFB Mots clés :
ANGUILLA ANGUILLA,
MILIEUX PROFONDS,
ENGIN DE PECHE,
ANTENNES RFID,
CAPTURE-MARQUAGE-RECAPTURE,
PEARLThème (issu du Text Mining) :
FAUNE,
MILIEU NATURELType de ressource :
Rapport d'étudeIdentifiant Documentaire :
2018.053Source :
Rapport d'étude. Partenariat AFB Inra. 120p. + ann. 19p.Droits d'utilisation :
Accès libreNiveau de lecture :
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